« Toutes les grandes personnes ont d'abord été des enfants, mais peu d'entre elles s'en souviennent. »
Antoine de Saint-Exupéry

Les comptes-rendus-avis de lecture de la librairie Vaux Livres

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Romans traduits par François Happe

Dennis LEHANE

Le silence
Gallmeister

4 | 445 pages | 14-05-2023 | 25.4€

en stock

South Boston, quartier irlandais de Boston, 1974. C’est ici que vit Mary Pat Fennessey, au cœur d’un quartier pauvre (« Ils sont pauvres parce que la quantité de chance qui circule dans ce monde limitée et qu’ils n’en ont jamais reçu la moindre part. »), d’une communauté, où tous se connaissent et s’entraident, se protègent. Mary Pat Fennessey a déjà perdu un fils quand sa fille Jules partie pour une soirée ne rentre pas. Cette même nuit, un jeune noir est retrouvé mort sous les rails d’un train dans ce quartier blanc. Southie se tend, s’inquiète. Les mafieux aussi : ce « bruit » n’est pas bon pour les affaires. D’autant plus, que les tensions raciales se sont accrues suite à l’annonce du busing pour la rentrée prochaine : il s’agit de transférer des élèves noirs vers les écoles blanches et vice versa. Jules est en terminale et elle, comme sa mère, comme la communauté unie, s’opposent à cette décision : chacun doit rester chez soi, les Blancs chez eux, les Noirs chez eux et tout ira bien, pas de mélange, même si Mary Pat semble parfois hésitante face au racisme primaire et violent et au manichéisme ambiants, mais la communauté est plus forte. Mary Pat est folle d’inquiétude et même si elle rencontre un inspecteur de police à l’écoute, elle se lance dans une enquête solitaire et périlleuse, les mafieux du quartier qui soi disant le protègent ne sont pas des tendres… mais Mary Pat non plus, surtout qu’il est question de sa fille, et cette mère, lionne blessée, ne reculera devant rien ni personne pour forces les portes qui se sont refermées et découvrir la vérité. Roman, roman noir, polar, une vraie réussite que ce portrait d'un quartier, d'une femme, d’une mère (c’est aussi un livre sur la transmission) au cœur d’une tragédie cernée par le racisme ordinaire et la violence, un retour réussi après six ans d’absence de Dennis Lehane.

« … ce n’est peut-être pas l’amour qui est le contraire de la haine. C’est l’espoir. »

Ecouter la lecture de la première page de "Le silence"

Fiche #3021
Thème(s) : Littérature étrangère Polar/Thriller/Noir
Traduction : François Happe


Tiffany MCDANIEL

L'été où tout a fondu
Gallmeister

3 | 475 pages | 18-09-2022 | 25.6€

Autopsy Bliss est un juge consciencieux et dévoué à Breathed dans l’Ohio. Evidemment, nous sommes en Amérique alors la Bible n’est jamais loin. Autopsy est donc régulièrement face aux dérives, à l’horreur, au mal et il décide de se confronter au mal absolu, à son éminent représentant, le diable ! Il le convoque, il l’invite. Et un jour d’un été torride, il est là : un enfant noir se présente à Breathed et dit être le diable et fait part de sa joie d’avoir été demandé, désiré et espéré « Et n’y-a-t-il pas là quelque chose de particulièrement tragique ? Qu’un garçon doive être le diable pour prendre de l’importance ? ». Evidemment, toutes les réactions possibles vont prendre corps face à cet inattendu et le pire est aussi humain ! Si dans le même temps une série d’évènements étranges ou violents se produit… Pour certains un nègre usurpateur, pour certains le diable maléfique, pour d’autres un enfant perdu, pour d’autres finalement une esquisse proche de Dieu… Le Mal, le Bien… Les camps se toiseront avant de s’affronter. Où est le Bien ? le Mal ? Où est la frontière ? Existe-t-elle ? Tiffany McDaniel avec ce deuxième roman incarné affronte avec maîtrise les démons de la société américaine.

« Quand vous n’avez personne de qui vous soucier, ni personne qui se soucie de vous, essayer d’améliorer vos conditions de vie est une perte de temps. »

« Tout amour conduit au cannibalisme… Tôt ou tard, notre cœur finit, sinon par dévorer l’objet de notre affection, tout au moins par nous dévorer nous-mêmes. »

« Y aura jamais un homme assez grand pour prendre le ciel de haut. Le ciel force tout le monde à lever les yeux, et en cela il met tout le monde sur un plan d’égalité… »

« Qu’est-ce que Sal avait dit, déjà, à propos de l’espoir ? Ce n’est rien d’autre qu’un bel exemple dans ce mythe de la deuxième chance. Oui, un mythe, voilà ce que c’est. »

Ecouter la lecture de la première page de "L'été où tout a fondu"

Fiche #2916
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : François Happe


Tiffany MCDANIEL

Betty
Gallmeister

2 | 718 pages | 11-08-2020 | 26.4€

Landon Carpenter est née en 1909, il descendait des Cherokees et les blancs aimaient tant à le lui rappeler. Malgré les épreuves, il gardera toujours la sagesse de son peuple, sa connaissance immense de la nature, son respect absolu de cette nature et de la vie mais aussi sa capacité à raconter les contes et légendes de son enfance voire à en créer quand la vie l'exigera. La première femme, Alka Lark, qui s’adressera à lui avec respect, sans a priori, lui le nègre, il l’épousera. Landon est un homme différent, modeste, effacé « Je me suis toujours entendu que j’étais insignifiant... Tu t’entends dire ça suffisamment et tu te mets à le croire. » et chez les Cherokees, les femmes ont une place à part, la place d'Alka sera respectée. Après une première naissance rapide d’un garçon, Leland, la famille sillonne l’Amérique au gré des naissances, des rencontres plus ou moins heureuses et des petits boulots souvent éprouvants du père puis revient en 1961 à son point de départ : Breathed dans l’Ohio, une maison maudite, avec huit membres de la même famille disparus avec des impacts de balle dans la maison, non loin de collines, en pleine nature. Trois garçons, Leland déjà engagé dans l’armée, Lint un gamin différent très demandeur des histoires (« ... non seulement Papa avait besoin que l’on croie à ses histoires, mais nous avions autant besoin d’y croire. ») et du pouvoir quasi-magique de son père, Trustin qui passe son temps à peindre et dessiner. Trois filles, trois sœurs complices, Fraya parfois anormalement en retrait, Flossie qui rêve de paillettes et d’Hollywood et Betty qui aime mettre avec poésie sur le papier ses sentiments, ses rêves et ce qu’elle vit. Betty, la narratrice, ressemble à son père, la même peau foncée, le même grand écart entre le monde cherokee et la vie américaine, et donc les mêmes jugements immédiats et péremptoires, la petite indienne est différente, et on le lui rappellera sans cesse, parfois violemment. Néanmoins Betty épaulée par son père, ses croyances, ses connaissances, son histoire, sa bienveillance et son amour, saura résister à l’adversité, protéger sa famille, se construire épreuve après épreuve, et une fois tous les secrets familiaux dévoilés (« Je me suis rendu compte que les secrets que l’on enterre sont des graines qui ne produisent que du mal supplémentaire. ») pouvoir devenir femme et in fine prendre son envol vers le Bout du monde sans jamais oublier son père et sa famille, et la puissance de la nature, c’est une certitude. Un portrait inoubliable, envoûtant et bouleversant d’une famille dans l’épreuve avec un père tendre, aimant, dévoué, d’une sagesse exceptionnelle et toujours aussi prompt à partager ses légendes indiennes et attentif à Terre-Mère, une leçon de vie.

« Il y a des hommes qui connaissent le montant exact de leur compte en banque, a poursuivi Maman. Il y a ceux qui savent combien de kilomètres indique le compteur de leur voiture et combien elle pourra encore parcourir. D’autres connaissent le score à la batte de leur joueur de base-ball préféré et ils sont plus nombreux encore à savoir la somme exacte que l’Oncle Sam leur a soutirée. Ton père, lui, ne connaît rien de tout ça. Les seuls nombres que Landon Carpenter a en tête, c’est le nombre d’étoiles qu’il y avait dans le ciel la nuit où ses enfants sont nés. »

« Devenir femme, c’est affronter le couteau. C’est apprendre à supporter le tranchant de la lame et les blessures. Apprendre à saigner. »

« Un arbre prêche mieux que n’importe quel homme. »

« Maintenant, mêmes ses rides ont des rides. »

« La pensée m’est alors venue qu’être enfant, c’est savoir que le balancement du berceau nous rapproche et en même temps nous éloigne de nos parents. C’est le flux et le reflux de la vie qui, tour à tour, nous pousse vers les autres, puis nous en écarte, peut-être dans le but de nous permettre d’acquérir la force nécessaire pour affront l’instant où ce mouvement de balancier nous aura tellement éloigné de la personne que nous aimons le plus qu’elle ne sera plus là quand nous reviendrons vers elle. »

« Tu sais quelle est la chose la plus lourde au monde, Betty ? C’est un homme qui est sur toi alors que tu ne veux pas qu’il y soit. »

« Les gens croient que c’est quand ils vous supplient de rester, mais en fait, c’est quand ils vous laissent partir que vous savez qu’ils vous aiment pour de bon. »

Ecouter la lecture de la première page de "Betty"

Fiche #2573
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : François Happe


Lance WELLER

Wilderness
Gallmeister

1 | 340 pages | 16-02-2014 | 23.6€

Abel Truman est au cœur de Wilderness, roman ample et puissant, qui oscille entre deux périodes de la vie de ce vieux solitaire. Hanté par son passé, sa honte et son sentiment de culpabilité, Abel Truman a décidé de fuir et pris part à la tristement célèbre bataille de la Wilderness. Cassé de toute part, il a survécu et vit maintenant en ermite sur la côte du Pacifique Nord-Ouest avec son chien. Pourtant, il a décidé d’entreprendre un ultime voyage. Dernières aventures toujours aussi périlleuses, les mauvaises rencontres sont légion… et les instants d’humanité rares qui le mèneront néanmoins vers une rédemption finale. Grande et longue épopée aussi violente et noire que sublime dans ce roman éclairé à la fois par un style délicat et parfois poétique et sa construction (va-et-vient permanent sur 30 ans d’existence).

Premier roman

Ecouter la lecture de la première page de "Wilderness"

Fiche #1412
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : François Happe